Mardi 15 novembre, nous étions invités au comité de restitution du programme S.A.Li.N (Salinisation des Aquifères – et des sols – Littoraux de la Narbonnaise) par le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée.

Depuis plus de 3 ans, des scientifiques et des étudiants mènent cet important programme d’étude et recherche qui vise à comprendre et à mieux lutter contre le phénomène de salinité des nappes et des sols présent sur le secteur de la basse plaine de l’Aude.

Cette étude a été réalisée par Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) et Montpellier SupAgro. Voici une petite présentation de ces organismes.

Le BRGM est l’établissement public de référence dans les applications des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol dans une perspective de développement durable. 

https://www.brgm.fr/fr/identite/brgm-bref

Montpellier SupAgro est une école d’ingénieurs en agronomie et un établissement de recherche scientifique en agronomie. 

https://www.institut-agro-montpellier.fr

Qu’a-t-on appris ?

Le résultat le plus intéressant et peut-être un peu contre-intuitif, c’est que la salinité de certains sols étudiés est en étroit rapport avec le sous-sol et elle est grande partie, héritée : en fait, il s’agit non pas de salinisation mais bien de salinité de sols sursalés datant en grande partie du moyen age (marais salant, entrée d’eau marine…).

Depuis, le seul moyen permettant la culture sur ces zones, ce sont des apports importants, par plusieurs submersions annuelles d’eau douce. Ainsi des « lentilles d’eau douce » (zone moins salée en surface) se forment et rendent possible l’agriculture.

Cette situation artificielle, résultant de choix de production, devient problématique car le manque d’eau se combine au changement climatique (canicule, manque de précipitation, absence de période d’inondations naturelles) qui amplifie les remontées de sel.

L’eau est un bien commun qui se partage en répondant à tous les besoins (agricoles, piscicoles, naturels de loisirs, et bien sur de consommation).

Des nouvelles trajectoires ont été proposées comme :

  • Modifier la répartition spatiale des apports d’eau : concentrer les apports sur des secteurs stratégiques et (peut être) renoncer à des secteurs en prise avec les salinités les plus fortes
  • Modifier la gestion de l’eau dans le temps : tirer le meilleur parti des eaux disponibles (périodes de hautes eaux) pour réduire/stopper les apports en période critique (étiages)
  • Adapter les volumes à partir du besoin des plantes
  • Modifier les usages de terres et les occupation du sol : revoir la répartition cultures/zones naturelles,
  • recourir à des plantes plus résistantes, envisager des zones de repli

Ces axes, à combiner, permettent des opportunités pour les écosystèmes (maintien et développement de la biodiversité), pour les sols (restauration de leur qualité et compréhension fine des relations plantes/sols/sous sols), pour la gestion de l’eau (gestion des crues et milieux aquatiques, des zones humides et sécurisation de l’apport en eau potable) et pour l’agriculture (ré-orientation de la production, valorisation des spécificités, évolution des pratiques et recours à des variétés résistantes)

En conclusion….

Le contexte de changement climatique et de raréfaction de la ressource en eau impliquent des adaptations pour préserver les ressources en sol, la biodiversité et la production agricole.

Il est nécessaire de compléter les connaissances actuelles sur les apports des crues de l’Aude, la dynamique spatio-temporelle des « lentilles d’eau douce » et la trajectoire historique.

Il est donc utile d’engager une prospective entre acteurs du territoire.

Enfin, il faudra tester et simuler différentes solutions avec l’appui des scientifiques.

Notre avis :

L’apport scientifique est précieux. On constate finalement que le phénomène est plus un problème de salinité que de salinisation, il est ancien et que la « désalinisation » est lente et faible, elle n’est possible que par des apports réguliers et importants en eau.

Cependant, le dérèglement climatique et le manque d’eau ne permettront pas de désaliniser les terres, surtout celles qui se situent sur d’anciens salins du Moyen-Âge.

L’agriculture évolue grâce aux avancées scientifiques.

Il faudra s’y engager pour faire de notre littoral audois un territoire résilient.

Ces apports scientifiques vont permettre de dépassionner les sujets pour les traiter.

Pour les Robine.s, il est temps de changer, de créer et de le faire collectivement !

L’eau douce est un bien commun, rare et fragile qu’il faut partager, gérer, défendre, ne pas privatiser pour un seul usage. 

Pour nous, il est essentiel de réfléchir à l’échelle du bassin versant en entier, avec donc les territoires en amont du nôtre.

Yann Rudent, conseiller municipal de Narbonne et vice président du PNRNM chargé de la biodiversité

et Sandrine Sirvent, conseillère départementale


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