« S’initier aux fondamentaux de la (mise en) fabrique des transitions » (par Laurent)
La journée à débuté par la présentation des délégations des 15 territoires participants. Ceux-ci étaient de toute taille depuis la commune de Laguiole dans l’Aveyron jusqu’à l’Eurométropole de Strasbourg. Leur point commun est de tous avoir conclu avec l’État un Contrat de Transition Écologique (CTE). C’est donc le cas du Grand Narbonne qui s’est très médiatiquement engagé dans cette voie.
Au delà d’un simple label
l’État cherche à faire émerger une démarche de transition en s’appuyant sur des territoires moteurs et c’est dans ce cadre que s’inscrit cette journée animée par La fabrique des Transitions.
https://fabriquedestransitions.net/index_fr.html
La matinée, en plénière, doit permettre de partager un constat et des principes fondamentaux, puis l’après midi sera consacrée à des discussions entre pairs.
Il y aura donc un groupe d’Elus, un groupe d’agents de collectivités, un groupe d’agents de l’État et un dernier pour tous les autres : citoyens, associations, entreprises.
La plupart des délégations sont en effet menées par un élu en responsabilité, accompagné de responsables de ses services et de représentants de l’Etat.
La délégation narbonnaise détonne.
Elle n’est composée que d’associations : Les Robin.e.s, Gée Aude et Ecolocal.
Il semble que l’engagement du Grand Narbonne dans la démarche soit très superficiel.
Tout l’objet de la journée étant de travailler sur l’articulation entre groupes d’acteurs, le bilan s’annonce frustrant.
Le constat que la Fabrique des Transitions propose de partager est, selon leurs propres terme,
que les modes de pensée et les institutions se perpétuent longtemps après que les contextes qui leur ont donné naissance ont disparu, car les uns et les autres disposent d’une puissante inertie, ne serait ce parce qu’ils donnent naissance à des corps sociaux qui ont intérêt à assurer cette perpétuation
Sous cet angle, nous continuons à gérer demain avec des systèmes de pensée d’hier et des institutions d’avant hier. Ce qui nous incite à ne pas nous laisser piéger par la fausse intemporalité de doctrines comme l’efficacité du marché ou le rôle de l’État ou les rapports entre homme et nature.
Si cette assertion va de soi
pour toute personne ayant pris la mesure des changements nécessaires, elle constitue une révolution mentale pour beaucoup de responsables et il faut l’accompagner.
Les territoires sont les acteurs pivots de cette transition, mais ils sont encore loin de jouer ce rôle. Une transformation de la gouvernance s’impose en revisitant la conception étriquée de la « responsabilité » pour passer du partage de compétences aux compétences partagées. En particulier la posture de l’État doit évoluer : de l’État centralisateur à l’Etat facilitateur.
Cependant, quelques territoires ont engagé une véritable stratégie de conduite du changement sur plusieurs décennies.
Narbonne n’a bien sûr pas été citée.
Les principes directeurs qui se dégagent des stratégies de conduite du changement dans les territoires pilotes s’articulent autour de faciliter l’engagement, coopérer, intégrer et évaluer.
Ces présentations s’adressaient de toute évidence à des responsables volontaires, éventuellement néophytes, en quête de compréhension, d’outils et de contacts pour mettre en œuvre la transition de leur territoire. Et elles semblent avoir été profitables aux élus qui les ont suivis.
L’après midi, le groupe de pairs regroupant les associations comptait une vingtaine de participants. la discussion a commencé comme une thérapie de groupe.
Chacun racontant ses contorsions pour essayer d’avancer malgré les injonctions, les pratiques et parfois les caprices d’acteurs dominants. Les incompréhensions, l’opacité, les fonctionnements en silo semblent être une constante pour tous ceux qui n’ont pas l’oreille du Président de leur intercommunalité.
Le fait saillant reste que partout, la transition écologique, tout comme l’économie sociale et solidaire sont vus comme de sympathiques jouets qui n’ont plus leur place lorsque les choses deviennent sérieuses.
Collège élus
Comme l’a dit Laurent, l’après midi était consacrée à une rencontre entre pairs, J’ai participé au groupe élus.
Mais ou sont les élus du grand Narbonne ?
Et en effet je me suis senti un peu isolé. J’étais le seul élu d’opposition, tous les autres étaient en responsabilité, mais ou étaient les élus du grand Narbonne ?
Il a été question de participation citoyenne, j’ai un peu présenté notre histoire et fonctionnement « robin.e.s »
Ce que je retire, c’est que même dans des équipes en responsabilités, il existe des freins et des oppositions internes et externes. Construire, changer de paradigme, transiter, évoluer … est difficile, prenant, exigeant.
Bilan de Julian Perdrigeat, animateur du groupe
La question de l’ingénierie, est inégale selon les territoires.
Il est nécessaire de sortir de la concurrence entre adjoints et d’appréhender la rareté de la ressource par la coopération plutôt que par la compétition. Quand l’ingénierie est là, cette question de la compétition reste présente.
La question de la coopération entre élus, entre services, avec les élus et services RH et finances.
L’absence de coopération entraîne des conséquences sur la santé des élus.
Pression du mandat, des engagements pris pendant la campagne, de l’ambition face à l’absence de moyens (financiers ou humains).
La coopération permet de pallier cette absence et d’y remédier.
Mais la coopération est un jeu collectif et il se pose, non seulement au sein des organisations mais aussi entre elles, le rapport aux intercommunalités, à la façon de coopérer avec quand on est une commune. La façon de construire un projet partagé, une identité collective, une façon d’agir ensemble est au cœur des enjeux.
Elle nécessite la reconnaissance des agents qui s’engagent en ce sens. La transversalité est une responsabilité partagée, qui doit s’appuyer sur une organisation collective. Cette organisation doit prévoir des espaces et des temps où l’on partage cette reconnaissance de celles et ceux qui s’engagent. Elle nécessite aussi d’embarquer le n°1 de l’exécutif !
L’engagement des acteurs du territoire, des citoyens, des opérateurs est un vecteur de transversalité.
Nous avons beaucoup échangé sur ce sujet avec des expériences diverses sur lesquelles nous pourrions revenir afin de les approfondir.
Les dispositifs participatifs, les difficultés qu’ils posent, ouvrir la construction des politiques publiques aux acteurs et/ou partir des projets des acteurs et les qualifier.
La place de la formation à l’implication ou pour impliquer en partant de sujets qui concernent ceux qu’on cible a été évoquée.
L’engagement de l’opposition dans le portage des choix et des décisions.
Tout ceci en conclusion renvoyant à la posture de l’élu, entre animateur et décisionnaire, avec des moyens insuffisants et des ambitions très fortes.
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