Mercredi 17 mars 2021, nous avons eu le plaisir d’accueillir en visioconférence Apérobine :
- Jean Burger : Coprésident de l’association Les écologistes de l’Euziere, membre du Réseau national des jardins partagés
- Patrick Berger : Directeur ville et diversité au sein de la ville de Montpellier, acteur de la création de jardins partagés au sein de cette collectivité.
Jean Burger : « je ne suis pas du tout jardinier mais plutôt naturaliste. Les jardins ça n’est pas un accident, mais un interface intermédiaire d’éducation à l’environnement. J’ai un Intérêt personnel aussi, pour le jardin de mon enfance. Le jardin c’est vraiment un support magnifique pour parler d’autres choses que le jardinage
Souvent on confond jardins familiaux et partagés :
- jardins familiaux avec des parcelles séparées (50 à 100 m2): à l’origine, c’était plutôt des jardins ouvriers au 10ième siècle qui étaient aussi des paysans s’installant en ville, qui avaient des compétences et des besoins. Fonction première vivrière avec une récolté individuelle le plus souvent. Développement d’une économie de la récolte.
- Jardins partagés sont plutôt des terrains gérés en commun : pas de délimitation de parcelle. Eventuellement divisés en planches séparées. Origine plutôt récente (années 1980 en France). La récolte est partagée, économie de cueillette, fonction première sociale avec besoin de retrouver la nature au travers de la cueillette. Le jardin est un lien avec la nature
Exemples de jardins partagés sur la ville de Montpellier :
- le jardin Estanove géré par la ville de Montpellier crée il y a 4/5 ans ( attenant à une école et un centre de loisir/terrain de sport) est jardin pédagogique, on a les premiers travaux des jardiniers, terrain était vraiment très difficile, pas de motoculteur …
- Jardin St Clément associatif crée il y a 8/9 ans illustre la fonction sociale du jardin (boite à livres) petite parcelle de 200 m2 avec 35/40 adhérents, beaucoup de liens avec le quartier (plus gros composteurs de tout le quartier formation au compostage donc récolte de matière organique+++)
Patrick Berger : pour la Ville de Montpellier, le service direction paysage et biodiversité a accompagné la mise en place depuis 2003 de jardins partagés, avec 2 jardins par an comme objectif.
IL existe sur Montpellier, beaucoup de jardins avec des cabanes individuelles où chaque jardinier peut stocker ses outils (location de bail individuel). La ville a le désir de faire évoluer vers une forme partagée, mieux vivre ensemble, mode autogestion pour favoriser la communauté.
Exemple du Jardin agriparc du MasCobado : c’est un collectif urbain qui a été crée avec un esprit communautaire.
- Historique : Les 1ers jardins partagés étaient des jardins de militants ; souvent des actes d’opposition sur projet immobilier ( ex jardin partagé de Clemenceau ancienne partie d’un parc). C’était au départ un outil d’appropriation de l’espace et d’interaction sociale. L’idée de jardiner ensemble, partager ensemble, développer des actions communautaires mais aussi un prétexte pour créer des animations dans les quartiers (composteurs collectifs souvent adossés à des projets de jardins pour moins de déchets)
- Mise en œuvre : il faut toujours un temps de discussion : souvent le projet démarre au printemps sauf que la période plus difficile est l’été. Le but est d’accompagner le groupe en matière de projet avec assez de monde pour résister à la période estivale. Nous donnons des conseils sur type de végétaux à mettre en place (fond arboré pour assurer continuité du jardin) progressivement la collectivité va les aider à mettre en place le projet notamment aussi pour le financement (pouvant aller parfois 15 000 euros : clôtures, point d’eau, équipements (bacs, …).
Le jardin partagé est un lieu de rencontre pédagogique et inter-âge, souvent sur des espaces délaissés. Ces collectifs deviennent des personnes qui permettent de réapproprier des espaces délaissés par les population (parfois même sur des « zones de non droits »), il s’agit de re sécuriser et ré humaniser les lieux. Ces lieux peuvent devenir aussi des espaces de création et source de diversification très important. Espaces de culture, échange et d’éducation (scolaires à proximité : aires éducatives terrestres permettant à des classes primaires ou 6ieme collège de mettre en place des projets en dehors du périmètre de l’école). Devient un espace de services, de troc. Développe de l’interaction, aides entre communautés.
Ca peut se faire sur n’importe quel site. Cultures hors sols sur des zones qui peuvent paraître impropres à l’agriculture. Actions qui permettent de réunir des personnes sous prétexte du jardinage. Se former sur le jardinage mais surtout pour créer des lieux de partages.
Jean Burger : la ville de Montpellier au niveau relation associations/mairie est un modèle de partenariat « mains vertes » visite de parcs jardins, activités naturalistes et activités autour jardins familiaux et partagés. àActions sensibilisations scolaires et centres de loisirs
-> Il existe de nombreux collectifs : Collectif mains vertes, collectifs passe murailles, écologistes de leuzieres sur projet naturaliste (sur les jardins privés pour aider les participants à faire des inventaires naturalistes et améliorer les connaissances concernant les trames vertes/bleues)
Le dispositif se passe très bien. 3 associations sont en relation avec les jardiniers, et essaient de faire remonter les besoins ;
Même les promoteurs immobiliers intègrent dans leur argumentaire le jardin notamment dans les nouveaux quartiers. On constate une appropriation des espaces communs des résidences par habitants surtout quand les résidences se créent, ça fonctionne plutôt bien.
Patrick Berger : les promoteurs s’approprient de plus en plus les jardins partagés. L’office HLM de Montpellier développe sur espaces communs des espaces verts partagés voire même parfois, ofm paie l’entretien des espaces verts (par exemple on maintient les charges mais on produit des légumes cultives par des ESAT en échange, espace devient un service pour les habitants). IL se développe une appropriation des espaces verts par des acteurs gestionnaires de parcs immobiliers.
Ca diminue ou transforme de manière positive des coûts pour transformer des espaces qui ne servaient pas à grand chose pour les résidents.
Questions :
1/ Hubert : à propos d’une ZAC qui correspondait à une quartier 28 000 hab construit par mailles successives. L’idée était de mettre à la dispo de ses habitants des zones pour faire du jardin familial ou partagé. Ça a bien marché mais faut laisser le temps à ces ré appropriations. Garantie/temps nécessaire pour que le lien social se construise et que la pratique se perpétue. A Montpellier, ce foncier est attribué à cette fonction ou dans du temporaire ( moyen/long terme) ?
Patrick : non jusque maintenant mais c’est en train de changer avec révision du PLUI pour inscrire dans le marbre pour le projet d’extension immobilière de la ville. Un des projets phares : agriparc sur place des buisses (nord est mtp) qui devait se créer sur centaine Ha va être abandonné pour que ce soit maintenu en espace agricole, jardins fam, et partagés mais aussi sur le volet agricole pour alimenter les cantines/cuisine centrale/esat. Jardins partagés sont souvent à l’intérieur de parc qui vont passer en espace vert protégé (ensemble espaces verts publics et ensemble des espaces verts utilisés comme jardins partagés) sont protégés.
2/ Carlos : avez vous des expériences de partages d’un espace scolaire avec les riverains ?
Jean B : c’est un Foncier intéressant qui gagnerait a être partagé mais pas d’exemple, difficile de convaincre le département et chef établissement ?
Patrick : pas d’expérience sur les collèges mais sur écoles il existe des systèmes plus faciles (qui sert à l’établissement scolaire et pour le centre de loisirs, permettant de garantir une continuité du projet pédagogique
Ex : Jardin Estanove à l’arrière de l’école (foncier qui était réservé pour l’extension de l’école non nécessaire) projet porté par le comité de quartier. Idée de tisser des liens entre l’école et le jardin partagé. Animateur du centre de loisirs a crée un jardin très créatif qui teste beaucoup de choses.
Aires éducatives terrestres : processus de projet scolaires sur 3 ans font le projet se developper à l’extérieur de l’école. Aujourd’hui 3 projets portés ( 2 de primaire et un de collège 6ieme segpa) pour s’approprier l’espace extérieur et le lien avec les parents d’élèves/quartier. Projet que jardin pédagogique ne soit pas enfermé dans l’école.
3/ Gerard : disparition des jardins ouvriers ? permaculture ? que pensez vous de l’agriculture locale et des semences paysannes ?
Jean B : Jardins ouvriers et familiaux ont la même origine, de plus en plus de producteurs de semences paysannes au départ bloqués par le syndicat. Moins le cas à présent. La Règlementation s’est assouplie. On trouve des semences locales et paysannes notamment sur Castelnaudary ( KoKopelli n’est pas local). A Montpellier pour pousser les acteurs des jardins partagés, pour que les collectifs n’aillent pas dans les jardineries acheter des plants hybrides, avant qu’ils apprennent à récolter des semences et a obtenir des plants de tomates à partir de graines, la ville de Mtp fournit des jeunes plants à partir de « graines de Pays » pour qu’ils les cultivent et constituent un réservoir (« semeurs de jardins »). Puis on les aide à récolter leur propre semence. Idée qu’à terme on fasse des bourses d’échanges de graines.
4/ Viviane : jardin partagé à Dreux, ils se sont rendus compte que terre jardin était polluée. Existe il une Procédure d’analyse de la terre préalable au démarrage ? Payé par qui ?
Patrick : personne n’a vérifié la qualité des sols sur les premiers jardins partagés. Aujourd’hui on fait plus systématiquement une analyse de qualité des sols. En milieu très urbains, les cultures sont souvent en hors sol ( bacs ou dans des sacs) pour ne pas être confronté à des sols peu fertiles compliqués à remettre en fertilité ou prendre le risque de se retrouver en situation de pollution.
Jean : jardin de l’estanol. Il n’a pas eu d’analyse de sol. Carottage : bcp d’argile, cailloux… il a fallu apporter beaucoup de matières organique au départ un peu loin des principes de permaculture. Il Faudrait faire en effet des analyses plus souvent.
Patrick : régulièrement des analyses de sol sont pratiquées. Ex agriparc activité agricole importante avec intrants importants , par lessivage, concentrés sur une parcelle sur laquelle projet de jardins familiaux. Projet de reconstituer un projet hors sol, avec des restanques en terrasses pour reconstituer un univers humifère hors sol
5/ Remi : l’école primaire na pas de capacité juridique, un directeur n’a pas de possibilité d’allouer du foncier avec association. C ‘est au Rectorat pour utilisation du foncier. Dans les Zones rurales, des collèges ont du foncier mais aussi d’autres zones ( CDI, internat…) il est intéressant que les lieux scolaires deviennent des lieux de vie collectif. Pourquoi ne pas proposer au delà des jardins, des espaces de vie surtout en zones rurales pour les populations parfois dépossédées
6/ Vincent membre du collectif st nazairois d habitants. Expérience de création d’un jardin partagé/familial: la mairie a acheté 10 ha avec création de parcelles avec en plus un verger partagé. Dernièrement plantation de 300 arbustes grâce à une donation de la pépinière départementale. Problème d’inondations sur cette zone, et d’incivilité suite à l’ouverture d’un mur. Comment motiver les jardiniers pour faire les travaux en commun ?
Jean : Beaucoup de demandes pour les jardins familiaux mais aussi un certain turn over avec des parcelles à l’abandon. Le jardin doit être suffisamment ouvert pour que les gens puissent venir aux fêtes/barbecues. Si le jardin familial s’ouvre au centre de loisirs aussi ça ouvre aux parents. C’est un vrai travail d’animation le jardin partagé. Mais Besoin de gens ++ qui animent pour ces jardins.
Vincent des parcelles ont été données au périscolaire mais ses sont retrouvées en jachère. Si pas de suivi, problème de motivation. Comment motiver les familles ?
Jean : qqn d’extérieur qui vient donner des conseils, trouver qqn qui pourrait venir chez vous pour donner des techniques.
Patrick : créer des animations, prendre son temps. Jardin de la mosson ça a mis deux ans pour le sortir. Bien vérifier que le groupe de personnes est une structure forte pour tenir dans le temps
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